Dans un Morvan granitique, le Parc naturel régional s’attache à révéler et à préserver son patrimoine de pierre sèche. Pour cela, il double l’approche technique d’une approche artistique et sensible, toujours participative, afin d’attirer l’attention de différents publics.
Le patrimoine de la pierre sèche en Morvan est un patrimoine discret et encore méconnu, hérité des paysans de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qui défrichèrent des parcelles difficiles pour assurer la subsistance de leur famille. Ces terres sont aujourd’hui abandonnées, et le savoir-faire autour du granite s’est perdu. Murets de clôture ou de soutènement sont encore omniprésents, mais se dégradent.
Le Parc s’est emparé du sujet de manière récente, en mettant en place en 2021 des ateliers techniques de transmission de savoir-faire, en partenariat avec Martin Muriot, murailler professionnel.
Cependant, il fallait dépasser l’aspect « ingénieur », très technique, pour réussir à toucher un public plus large, qui n’était pas encore sensibilisé à l’importance de ce patrimoine. C’est pourquoi le Parc a choisi d’élargir ses actions, afin de proposer des approches complémentaires : médiation en libre accès sur le site de la Maison du Parc, ateliers scolaires et surtout, projets artistiques.
Pour la première fois en 2023, le Parc a ainsi invité une artiste plasticienne, Douce Mirabaud, pour animer un atelier participatif autour de la pierre sèche, dont le résultat est visible de manière pérenne à la Maison du Parc. En dialogue avec Martin Muriot, les équipes du Parc, puis avec les participants à l’atelier, Douce Mirabaud a conçu Le Confident , un « endroit de repos, où le corps statique (ou deux corps), assis sur Le Confident est/sont réceptacle(s) des murmures de toutes les voix du milieu des vivants. (…) Le Confident emprunte également par ses composants au vocabulaire du jardin; la courbure de l'assise évoque les murs des puits et bassins, le dossier de branchage: les plessis... » (Douce Mirabaud, juillet 2023).
En 2024, le Parc s’est lancé dans une aventure artistique de plus grande ampleur, dans le cadre de l’Interparcs Massif central (IPAMAC) : Les jardins vernaculaires, un projet des espaces verts (Juliette Duchange et Marion Ponsard), orienté autour de la mise en lumière du patrimoine de pierre sèche dans le Vézelien. Avec l’appui d’associations locales, plusieurs phases de résidence ont eu lieu au printemps et à l’été, alternant repérages et « séances d’entretien du monde » avec le grand public et avec les scolaires. Chacune de ces séances a donné lieu à une redécouverte ici d’un meurger, ici d’un muret, et à sa mise en valeur lors d’un temps de jardinage chorégraphié. Le public est ainsi initié en douceur à la création artistique, à la lecture de paysage et aux techniques de la pierre sèche. Aussi importants que le résultat, les échanges entre participant·e·s et les potentiels projets futurs qui se sont dessinés au pied des murets. Le « duo de jardinières », comme elles aiment à se présenter, a également produit une série de cartes postales et une cartographie des lieux « soignés », reliés entre eux par un itinéraire de randonnée pédestre et VTT créé par le Parc.
Ces deux actions ont permis d’expérimenter des modes originaux de rencontre et de co-création autour de la pierre sèche, tout en revendiquant une dimension de convivialité et d’hospitalité.
L’enjeu pour le Parc est de créer, en collaboration avec les artistes et les acteur.ices du territoire, des espaces-temps propices à l’émergence ou à l’approfondissement d’un regard, d’une attention et d’un soin offerts au patrimoine, tout en participant à la vie du lieu.